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RESTAURER LA RIVIERE

Un parc inondable après la catastrophe

Localisation du Site dans son milieu

La Brague est un fleuve de 21 km qui prend sa source à Châteauneuf – Grasse et se jette dans la mer Méditerranée à Antibes.

La Brague traverse une seule zone hydrographique Côtiers de la Grande Frayère au Loup (Y560) de 124 km2 de superficie.

Le bassin versant est constitué à 67,64 % de territoires artificialisés, 26,24 % de forêts et milieux semi-naturels, à 5,91 % de territoires agricoles.

Le fleuve est en déficit hydrique chaque année et la situation tend à s’aggraver malgré les restriction prises. Des pollutions dues au ruissellement sont visuellement identifiables.


Rappel de l’histoire récente du site et contexte de la commande

Inondations d'octobre 2015 dans les Alpes-Maritimes

Un violent orage lié à un épisode Cévenole fait sortir la Brague de son lit et déferle sur Biot, causant la mort de quatre personnes. Il est tombé à Antibes 175 mm d’eau en l’espace d’une heure. Le niveau de la Brague est passé de 1 à 2 m en l’espace d’une demi-heure.

Lors de la visite de reconnaissance, la CASA nous indique que le Méandre sur lequel nous travaillons a été remblayé il y a plusieurs années pour créer un lotissement de maisons accolées dans le lit du fleuve. Le hameau a été construit dans l’axe d’écoulement, très exposé aux crues et favorisant le débordement de la Brague.

Ce lotissement a été endommagé en 2015 et est actuellement démolit au titre du fond Barnier (6 maisons de plain-pied rachetées par le fonds Barnier et 19 maisons avec étage rachetées par la CASA). Le projet de renaturation s’inscrit dans un contexte post-catastrophe lié à un épisode climatique extrême, à l’artificialisation du territoire et à une urbanisation incontrôlée du lit du fleuve.

Dans un contexte de réchauffement climatique ou ces épisodes météorologiques vont s’intensifier, il est indispensable de travailler avec la nature et non plus contre, pour aménager le territoire et réduire les risques.


Le projet : une solution fondée sur la nature

Le projet du Parc du Méandre de la Brague est signe d’une nouvelle page pour la commune de Biot. L’épisode cévenole meurtrier de 2015 a marqué les esprits et le paysage par sa violence. L’objectif ? Redonner de la place à la rivière et à l’écosystème de la Brague pour atténuer les risques de crues ravageuses à venir et sécuriser les habitations du quartier.

Le Parc du Méandre de la Brague se veut être une référence dans la restauration de zones ripisylves et de restitution de lit du fleuve.

Le grand geste du parc, est celui du travail de nivellement de la zone. Le décaissement du méandre redonne au fleuve une capacité d’expansion plus importante, favorisant l’écoulement des eaux. En effet, plus le lit du fleuve est ample, moins l’eau gagnera en force et en vitesse, réduisant les risques sur les habitations et le paysage. La diminution de la force d’écoulement permet aussi de réduire sa capacité à arracher les arbres sur son chemin et prévenir le risque d’embâcles.

Le méandre est également pensé pour redonner place à la flore endémiques et ainsi renforcer la continuité écologique des berges. Cela étant dit, les arbres, les arbustes et les herbacées prennent un temps qui est le leur pour réellement occuper l’espace ; la renaturation se fera donc graduellement.


Stratégie végétale

Pour lancer le processus de renaturation, la stratégie mise en place est celle d’un déploiement d’une palette végétale sur quatre niveaux. La stratégie pour le bord des berges est de laisser les abords directs du lit mineur en pente douce être colonisés par des hélophytes tel que les laîches ou les salicaires. La premier niveau des berges est une saulaie buissonnante sur sol limoneux. Le niveau intermédiaire sera une aulnaie-frênaie, qui permet une stabilisation importante de la berge et un habitat majeur pour les chiroptères. Enfin, le haut des berges est une Frênaie-Chenaie pour apporter une structure paysagère et écologique qui fera la transition avec le milieu urbain.

Une irrigation provisoire, des cuvettes et du paillage pour les arbres d’avenir sont préconisés pour une bonne reprise.

Les vues depuis la rivière montrent l’espace à 2 puis 15 ans.


Circulation et cheminements

Si le parc fait un lien écologique avec les zones plus sauvages en amont, il prolonge également les continuités douces piéton-vélo. Le parc propose deux cheminements ; l’un près de la route pour un déplacement plus efficace, sur un cheminement large pour permettre un partage piéton-vélo. Ce cheminement est accessible en cas de crue qui inonderait le cheminement en contrebas. Ce dernier, est un cheminement qui se prête plus à la balade, amenant les promeneurs dans le coude du méandre où se trouve une zone de repos. Cette plateforme incite également à la contemplation par l’ouverture de cônes de vue sur le Pont Vieux en aval, le centre bourg pittoresque de Biot en hauteur, la forêt mixte de conifère feuillus en surplomb au sud, et la Brague en elle-même. Ce cœur de parc en milieu renaturé est un lieu coupé visuellement et phoniquement de la route permettant de profiter d’un lieu paisible de repos ou de rencontre. C’est aussi de là que les visiteurs pourront prendre le pouls de la nature ; observer la fluctuation du cours d’eau et la reprise des plantes dans le milieu.


Débattre des usages de l'eau dans son milieu

Quelques marches au départ de cette plateforme invitent à s’aventurer au plus près de l’eau et approcher le Parlement des Eaux la Brague (PEB). Le PEB est un espace crée par des rochers existants sur site, agencés en cercle pour promouvoir les conversations autour du sujet de la Brague. Mais avant d’être un espace géographique, le PEB est un rassemblement de différents collèges d’acteur·rices autour des questions d’acquisition foncière, de financement, d’appui technique et de gestion des espaces de projet afin de protéger les intérêts de la Brague.


Inscrire la mémoire du risque dans le site

L’histoire du lieu est en effet un élément important dans la conception pour ainsi conserver la mémoire malgré le changement. Cela se fait sous différentes formes ; des poteaux indicateurs de crues, une signalétique explicative mais également la conservation d’arbres d’essences botaniques présents sur site. En effet, ces arbres tels que les oliviers, le palmier ou le caroubier, qui ne sont pas présents dans la composition arborée naturelle de la forêt de la Brague, étaient présents dans les jardins des habitations précédemment à cet emplacement. Des éléments du passé qui porteront la marque de l’histoire sur plusieurs générations.


PROGRAMME

Création d'un parc public innondable après démolition des 19 maisons et de restitution de la capacité hydraulique du cours d'eau


MAÎTRE D'OUVRAGE

MOD : SMIAGE

MO : Commune de Biot


SURFACE

14670 m²


MISSION

Mission de conception Architecte du Paysage (FAISA-PRO)


BUDGET

NC


LIEU

Biot , France


DATE

2023 en cours


PARTENAIRE

Sous traitant : Acmé



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